HOMMAGE

Jacques Zimmer, Critique mais pas que

(6 novembre 1935 - 23 septembre 2025)

SFCC - hommage à jacques zimmer4 (2)

Il m’appelait « mon petit lapin ». Je l’appelais « mon président ». Jacques Zimmer a été celui du Syndicat de la Critique. Il est resté le mien avec une pointe d’insolence qui cachait l’affection et le respect que je lui vouais. La pudeur de Jacques savait coter les sentiments à leur juste valeur derrière l’humour partagé. Je n’aime pas parler de Jacques Zimmer au passé. Il va falloir s’y résoudre puisqu’il est mort le 23 septembre 2025 (J’utilise ce mot sciemment: il aimait appeler les choses par leur nom). Rédacteur en chef de la Revue du cinéma puis du Mensuel du cinéma, il a écrit sur des sujets aussi variés que Jean-Pierre Melville, James Bond, le cinéma X, la bande dessinée, les faits divers et la Critique avec un grand  C. Jacques se passionnait pour tant de choses quil partageait généreusement. Collaborer avec lui pour la sélection de la Semaine de la Critique a été une expérience vivifiante. Parler cinéma avec Jacques avait tout d’un sport de combat qui muscle la cervelle. Il était un homme droit dans les bottes de ses convictions. Je lui dois l’une des plus belles engueulades (J’utilise ce mot sciemment: il employait des expressions viriles) de ma vie et une amitié solide. Sa dignité face aux malheurs - comme le décès de sa femme Françoise - m’évoquait  les cowboys fatigués mais résolus de Sam Peckinpah, cinéaste qu’il affectionnait. Il se plaisait à citer le dialogue élégiaque de la fin de  La Horde sauvage: « Let’s go ! Why not » ( « Allons-y ! Pourquoi pas ? »)   Maintenant qu’il s’en est allé (J’utilise ce mot sciemment: il adorait les références cinématographiques), je repense à ses paroles qui me semblaient absurdes tant je le croyais, sottement, éternel.  « Ceux qui m’aiment n’auront pas à prendre le train »,  disait Jacques Zimmer en évoquant son futur décès. Je l’aimais d’amitié. Il laisse, sur mon quai, des textes remarquables, des souvenirs chaleureux, un sabre de samouraï et un gros chagrin.

Caroline Vié