Les nouvelles ne sont pas bonnes

par Samir Ardjoum

Samir Ardjoum anime l’émission en ligne Microciné depuis deux ans. Nous l'avons interviewé en janvier 2022 (voir ici).

Les nouvelles ne sont pas bonnes. 2023 va bientôt se terminer et je crains de ne pas avoir fait grand-chose. J’ai juste écouté les Autres me reprocher inconsciemment de n’avoir pas été suffisamment égoïste. Triste paradoxe.
Les Autres, ce sont ces voix et visages qui depuis fin janvier 2021, viennent sur la chaîne Youtube que j’ai lancée, Microciné, pour raconter leurs histoires de cinéma. Conteuses et conteurs irréprochables qui regardent inlassablement le Monde transpirer, et moi, dans mon coin, qui les observe faire. Bientôt trois ans que je me sers de leurs images pour tisser une toile d’idées.

J’en ai. Mais ça ne débouche sur rien.

Les nouvelles ne sont pas bonnes car je pensais qu’avec YouTube, média atypique, il y aurait une possibilité de dialogue. Dans ma sphère, ça existe. Mais quand je souhaite en sortir, voir ce qui se trame chez mes consœurs et confrères (les youtubers), ce dialogue n’existe pas. Pire, il n’a certainement jamais existé. Aucune diversité. Aucune curiosité. Aucune dispute dans le sens premier du terme, d’examiner puis discuter.

Alors retour à la case départ, l’écrit ou la voix, le texte ou la radio.

Finalement, je me suis aperçu que Microciné est une chaîne qui me dit en substances, via les 720 émissions enregistrées, d’être égoïste et de me fondre parmi ces voix et visages observant le monde. De redevenir le fabricant de mots. D’écrire. De commettre un livre en somme.

Donc après avoir décoré le traditionnel sapin de noël, je contredirai Microciné pendant un certain temps et ferai mienne, ces quelques lignes signées Jacques Aumont dans son nouvel essai, Solaris 1972 – Voyage au bout de soi-même (202 éditions) : « [Solaris] dit exactement la même chose que les [autres films de Tarkovski] : vivre, vivre une vraie vie qui vaille peine d’être vécue, c’est aller au bout de soi-même, même si cela implique détours, échecs, remords, et si cela demande une humilité assez orgueilleuse. »

2024, année pro domo ?
2024, année en devenir “critique”

Samir Ardjoum