Danièle Heymann (1933-2019)

Une bretteuse au verbe choisi

XM_SFCC_AG2019-2Danièle Heymann entourée du Conseil d'Administration du SFCC

Danièle Heymann nous a quittés ce jeudi 25 juillet 2019.

Membre de notre syndicat depuis de nombreuses années, elle en fut vice-présidente élue puis réélue à partir de 2015 et avait démarré un nouveau mandat en juin dernier.

La plupart d’entre nous pleurons une amie chère.

Tous, nous perdons une consœur enthousiaste au talent de plume incomparable. Elle l’exerça entre autres à France Soir, à l’Express, au Monde, à Marianne et à bande-a-part.fr. Elle était aussi une bretteuse au verbe choisi et à la voix distinguée et tonique, lorsqu’elle ferraillait avec d’autres éminents collègues au micro du Masque et la Plume.

Danièle Heymann était une critique de cinéma aimant aimer plus que détester, l’œil vif et la pensée agile, elle cherchait le meilleur dans les œuvres, mettait en avant l’émotion, et nous séduisait par son esprit, son élégance, son humour, sa rapidité. 

Entre sa participation au jury du Festival de Cannes qui remit la Palme d’or à l’unanimité au film de Maurice Pialat, Sous le soleil de Satanen 1987 et sa «présidence à vie» du jury de la critique au Festival de Deauville, entre ses légendaires entretiens avec Federico Fellini er ses interviews de tout le cinéma français pour les Césars et l’INA, entre sa direction de L’Année du cinéma au fil des ans de 1977 à 2006 et son livre somme sur le Festival de Cannes, Danièle laisse un peu partout des traces de son talent immense qui n’avait d’égal que son  amour du septième art. Elle ne manquait jamais de raconter une anecdote, toujours drôle, jamais méchante, parmi les nombreuses qui avaient émaillé son (long) parcours. Elle était entourée par plusieurs générations de critiques qui ne perdaient pas une occasion d’échanger avec elle et de boire ses paroles.

Recevant lors du Festival Lumière 2014 le prix Bernard Chardère, Danièle avait cité La Bruyère : «La critique souvent n’est pas une science, c’est un métier où il faut plus de santé que d’esprit, plus de travail que de capacité, plus d’habitude que de génie.». Et elle concluait par ces mots : «La critique ? Oui, on peut dire que j’ai l’habitude… »

Toute une vie de cinéma et jamais une once de fatigue ni de désintérêt, devant l’écran dans la salle obscure, elle était toujours droite comme un i, happée par le film, prête à accueillir tout ce qui lui serait proposé.

Isabelle Danel