Le discours de Philippe Rouyer

aux Prix SFCC de la Critique

Bonsoir à toutes et à tous,

Merci d’être venus si nombreux pour le retour de notre soirée de remise des prix, en chair et en os dans notre chère Cinémathèque française. L’an dernier, nous étions en ligne, confinés dans le marasme des cinémas fermés. Savourons donc pleinement nos retrouvailles, même s’il faudra s’en tenir ce soir aux nourritures de l’esprit puisque les conditions sanitaires nous ont empêché d’organiser le traditionnel cocktail post cérémonie. Au moins pourrons-nous prendre le temps de féliciter nos lauréats et d’échanger quelques minutes entre amoureux du cinéma sur la mezzanine, une fois les derniers prix distribués. Pour cela et pour la chaleur de son accueil, je tiens à remercier la Cinémathèque française, son Président Costa-Gavras, son directeur Frédéric Bonnaud, son directeur de la programmation Jean-François Rauger et toutes ses équipes qui en parfaite harmonie avec les équipes de notre cher Syndicat de la critique ont permis l’organisation et la bonne marche de la soirée. Je voudrais remercier aussi pour son fidèle soutien le CNC. Dominique Boutonnat son président, Xavier Lardoux, son directeur du cinéma et de l’audiovisuel ainsi que Magali Valente, sa directrice du cinéma et Laurent Vennier son directeur adjoint.

C’est un grand honneur et un immense bonheur de m’adresser à vous ici ce soir dans ce temple du cinéma, où je vous donne d’ores et déjà rendez-vous en juin prochain pour la reprise de notre chère Semaine de la critique. Un rendez-vous d’autant plus prometteur que ce sera la première édition de notre déléguée générale Ava Cahen qui a repris avec fougue et vaillance le flambeau que Charles Tesson a porté pendant dix ans. Charles et Ava qui sont dans la salle que je salue, comme vous tous, cinéastes, interprètes, chefs de postes, producteurs et productrices, distributeurs et distributrices, éditeurs et éditrices, attachés de presse et bien sûr consœurs et confrères journalistes, tous réunis ce soir dans l’amour du cinéma, qui nous fait vibrer, nous fait rêver et pour tout dire nous aide à vivre.

 

Mes chers amis,

Nous sommes en pleine tempête. Nous vivons une crise de la presse retentissante et les entrées dans nos salles art et essai ne sont pas celles qu’on serait en droit d’espérer. Pour autant, je ne vous ai pas invité ce soir au bureau des pleurs. Mais bien plutôt pour nous donner des raisons d’espérer. Crise ou pas, nos revues de cinéma sont toujours là : Les Cahiers du cinéma, Positif, Jeune Cinéma, mais aussi Les Inrocks, Télérama et les hebdos qui consacrent une large place à la critique comme L’Express, Le Point, L’Observateur, ainsi que les grands quotidiens nationaux (Le Monde, Libération, Le Figaro, Les Échos, La Croix, L’Humanité) et la PQR, la Presse Quotidienne Régionale qui continue à engager de vrais critiques pour traiter du cinéma. On a les noms. Plusieurs d’entre eux sont avec nous ce soir. Et puis dans ce paysage contrasté, on a accueilli depuis quelques années des petits nouveaux qui ont courageusement relevé le défi de la publication papier. Par ordre d’apparition : Cinéma Teaser, La Septième Obsession, Revus & Corrigés, French Mania et le tout nouveau Sorociné qui prépare sa deuxième livraison. Je m’excuse auprès de tous ceux que j’ai oubliés mais qu’on a plaisir à lire et feuilleter. Il me faudrait citer aussi les radios, les télés, les podcasts, les sites Web. À tous un grand bravo et mille mercis d’exister pour nous accompagner dans nos séances de cinéma. Même si on n’est pas toujours d’accord, que votre mauvaise foi peut nous énerver. Nous sommes réunis dans la défense des films qu’on aime, dans la volonté de partager nos enthousiasmes et nos déceptions. Car c’est cela nos vies de critiques : nous plonger avec délice dans l’océan de la création cinématographique et avoir le plaisir de rendre compte de tout ce qu’on y a découvert pour éclairer celles et ceux qui nous lisent et nous écoutent. Rendre compte avec nos mots de cette expérience non verbale qu’est la projection cinématographique.

 

Ce goût et ce défi du partage est au cœur des activités de notre Syndicat de la critique. Avec sa fabuleuse Semaine de la critique où nos comités de sélection courts et longs métrages s’engagent envers la jeune création du monde entier. Les films sont projetés dans notre superbe salle du Miramar remise à neuf. Amis professionnels du cinéma qui n’étaient pas présents en juillet dernier au Festival de Cannes, sachez que le Miramar a été entièrement refait et que ses conditions de projections sont désormais à la hauteur d’un festival de classe A, avec le label de la CST et des sièges d’un confort dingue. Donc n’hésitez pas à nous proposer vos meilleurs premiers et deuxièmes films pour qu’on les y projette.

Mais au Syndicat, on s’engage aussi tout au long de l’année dans une longue liste de festivals où l’on décerne des prix de la critique à la suite de délibérations qui se tiennent le plus souvent en public. Car c’est toujours intéressant pour les festivaliers d’entendre des professionnels débattre des films qu’ils ont vus. Et puis il y a nos ateliers d’éducation à l’image qui nous permettent d’initier les jeunes de toute la France au langage du cinéma et à ses plaisirs. Comme pour la formation continue que nous organisons avec la FEMIS et le département cinéma de l’université Paris I Sorbonne, il ne s’agit pas tant de former une horde de critiques qui s’empresseront de piquer nos piges que d’éveiller les jeunes et les moins jeunes au plaisir du film, dans son milieu naturel, la salle de cinéma avec son grand écran.

Car c’est aussi un enjeu pour nous critiques que de faire revenir le public en salles. Les plus jeunes, en leur faisant découvrir qu’il y a des films autres que les Marvel, les autres qu’ils peuvent lâcher leurs plateformes et leur streaming pour retrouver le chemin des salles obscures où il n’y a pas si longtemps, avant tous ces confinements, ils avaient vécu tant et tant d’émotions inoubliables.

 

C’est aussi pour cela que nous remettons des prix ce soir. Pour exprimer notre gratitude à ceux qui les ont faits et donner envie de les voir à ceux qui ne les ont pas encore vus. C’est la loi du genre. Il y aura des gagnants et des perdants, mais nous citons maintenant dans chaque catégorie le podium de tête pour saluer encore plus de coups de cœur. Dans ce palmarès, je n’oublierai pas de saluer les œuvres de télévision qui ne déméritent pas. En rappelant que nous sommes le Syndicat Français de la critique de cinéma et des films de télévision. Et puis, puisque nous sommes critiques, nous nous devons de célébrer aussi les éditeurs qui nous donnent la parole pour transmettre notre passion à travers des livres et des bonus DVD. Tous méritent nos applaudissements.

 

Avant de laisser la parole au sémillant tandem Marie Sauvion – Xavier Leherpeur, qui nous font l’honneur et l’amitié de présenter cette soirée pour appeler à remettre les premières récompenses, je tiens à remercier tous ceux qui se sont engagés pour décerner ces prix : les membres du syndicat qui dans les différents jurys se sont battus pour convaincre et imposer leurs choix. Marion Dubois Darras qui en a assuré la coordination avec son efficacité légendaire. Et puis tous les éditeurs littéraires et vidéos qui ont joué le jeu en envoyant des exemplaires de leurs meilleurs titres à nos différents jurys pour qu’ils élisent leurs champions.

À tous un très grand merci.

L’heure est maintenant venue de révéler et célébrer notre palmarès.

Je vous souhaite une excellente soirée

 

Philippe Rouyer, le 21 février 2022