Monique Pantel (1932-2021)

«Un regard émotif sur le cinéma»

Disparue le 14 avril à l’âge de 88 ans, Monique Pantel figurait parmi les figures les plus pittoresques du journalisme cinématographique. Issue d’une famille d’hôteliers des Landes qui lui vaut d’être réceptionniste en Angleterre puis à Paris, elle décroche un poste de secrétaire par intérim auprès du dramaturge Jacques Audiberti dont elle deviendra l’ultime compagne jusqu’à sa mort en 1965. C’est par l’intermédiaire de cet écrivain que François Truffaut a convaincu de rédiger des billets pour Les cahiers du cinéma qu’elle débute en juillet 1964 en rédigeant la légende de la “Photo parlante” du quotidien Paris-Presse, lequel fusionne par la suite avec France-Soir. Elle en deviendra une véritable institution du service spectacles, en trente-cinq années de reportages et d’interviews qui lui inspireront un livre de souvenirs et d’anecdotes intitulé Panpan fait son cinoche(1999). Surnommée Panpan, en raison de son franc-parler et de son culot déconcertant, Monique Pantel devient ainsi l’amie des stars, mais se fait aussi remarquer par son bon sens et son tempérament gaffeur dont ses collègues peuvent témoigner. Au milieu des années 90, la publication du récit autobiographique La chemise de nuit(1994), puis du roman Des baisers pour l’hiver (1996) chez Anne Carrière lui vaut d’être invitée par l’animateur Laurent Ruquier qui lui propose de devenir chroniqueuse dans ses émissions radiophoniques sur France Inter puis Europe 1 avant de participer aux “Grosses têtes” sur RTL. C’est sans doute son compère navigateur Olivier de Kersauson qui a le mieux résumé sa spécificité en 2012 : « Sans snobisme, pas d’encombrement intellectuel, un regard émotif, émotionnel, sur des réalités cinématographiques qui correspondent exactement au mouvement général qui se passe dans le monde aujourd'hui. » Et Truffaut qui lui a rendu le plus beau des hommages en dédicaçant son livre sur Hitchcock à « Monique Pantel, qui parle comme j'aimerais écrire et chanter ».

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Sans titre (2)

Jean-Philippe Guerand