Portrait d'une indépendante

Djia Mambu, critique et journaliste

Djia Mambu critique et journaliste belgo-congolaise établie à Bruxelles, mais grande voyageuse, prône autant la spécialisation (dans un domaine) que la diversification (des activités)…

Elle rentre d’Ottawa où vient d’avoir lieu la deuxième édition du Festival VisuElles qu’elle a créé, et qui est consacré aux femmes au cinéma ; elle repart dans quelques jours aux Journées Cinématographiques de Carthage où elle fait partie d’un jury. Elle était en mai 2019 membre du jury de la Semaine de la Critique, en septembre au Festival de Miskolc pour l’Assemblée Générale de la FIPRESCI, dont elle est en charge du département Afrique. Djia Mambu est passée par ici et repassera par là. Partout à la fois, journaliste et organisatrice de festival, modératrice de débats et conseillère en distribution, femme (super) active et très engagée.

Djia Mambu est née et a grandi en Belgique. En 2005, diplômée d’un master en communication, information et journalisme de l’Université Libre de Bruxelles, elle démarre sa carrière en proposant des piges sur des sujets variés tournant autour de la communication et la culture. « Il m’arrivait d’écrire sur le cinéma, mais je n’étais pas cinéphile, j’avais une bonne culture de base de spectatrice moyenne. Il était déjà assez difficile de faire sa place comme journaliste pigiste à ce moment-là, et je me suis dit que sans une particularité, une spécificité, je n’y arriverais pas. J’ai réalisé que je ne connaissais rien du cinéma du continent d’où je viens : l’Afrique. » Elle se penche alors sur la question, et apprend à travers la lecture de tout ce qu’elle peut trouver sur le sujet, études, analyses et critiques, à mieux connaître les cinémas et les cultures de l’Afrique. Elle s’installe au Canada, à Ottawa, à la fin des années 2000 et sillonne les festivals internationaux. C’est ainsi qu’elle commence à travailler pour Africulture, Awotélé, Afri Ciné Web et adhère à la Fédération Africaine des Critiques de Cinéma réunissant des consœurs et confrères de 30 pays d’Afrique. Elle travaille aussi pour Radio Canada et fait des chroniques régulières sur TV5 Monde. « Ça reste du coup par coup, mais peu à peu, il y a une certaine fidélisation des médias qui savent qu’ils peuvent faire appel à vous. On le sait tous, quand on est pigiste, si on s’arrête on n'a plus rien, c’est donc une course permanente. »

Une chose en entraînant une autre, et la nécessité de se diversifier se faisant sentir, Djia Mambu commence à recommander des films africains, le plus souvent des courts métrages, pour la distribution sur des plateformes de VOD , des chaines de télévision, ou pour des projections spéciales en festival. Elle crée aussi un blog, Peau Noire, Médias Blancs dont elle réunira les chroniques dans un livre éponyme (à retrouvez ici), en 2018.

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« Ce métier s’apprend en le faisant, on acquiert une expertise, un savoir, une visibilité. Petit à petit, des opportunités se présentent et vous vous diversifiez, ça va de l’écriture de textes pour des catalogues, à la modération de conférences ou de masterclass, Depuis un an, je travaille aussi sur un projet de plateforme sur le Cinéma d’Afrique avec le Goethe Institut, pour réunir des données parfois difficiles à trouver notamment sur les films du patrimoine. Il n’y a pas le choix. Je connais très peu de gens qui ne vivent que de la critique ou du journalisme... »

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Propos recueillis par Isabelle Danel